Anecdotes et superstitions

Mar 20, 2023 | Histoire

Les superstitions au théâtre, c’est du sérieux !


Les superstitions sont des croyances irrationnelles, fondées sur la crainte et l’ignorance qui prêtent un caractère surnaturel à des phénomènes inexpliqués, à des actes ou des paroles. Le monde du spectacle est rempli de superstitions. Si leurs origines sont souvent méconnues, elles sont, par tradition, connues et respectées par la plupart des professionnels du spectacle. Voici ce qu’il ne faut pas dire ou pas faire dans un théâtre.


Une bonne ou une mauvaise répétition générale ?


Aussi étonnant que cela puisse paraître, une mauvaise répétition générale est de bon augure avant une première. Après des mois de répétitions, il arrive fréquemment que la générale se passe mal, car les artistes et les techniciens sont épuisés et les erreurs sont courantes. Mais lorsque vient le soir de la première représentation devant un public, l’adrénaline est là et le spectacle se passe généralement bien.
L’inverse fonctionne aussi, une bonne répétition générale et c’est toute l’énergie des artistes qui disparait pour la première !


Pas de représentation le lundi


Faire relâche signifie que le théâtre est momentanément fermé. De nombreux théâtres à Paris et en province, sont fermés le lundi, car c’est le jour réservé aux fantômes. Chaque lundi soir, le concierge allumait une sentinelle (« ghost light » en anglais), c’est-à-dire une lampe sur pied que l’on plaçait sur la scène lorsque le théâtre fermait ses portes. Elle servait de veilleuse, en éclairant les bords de la scène afin d’éviter les accidents et accessoirement, à éloigner les esprits !


Les couleurs à éviter de porter sur scène


Le vert
En France, le vert est une couleur qui porte malheur au théâtre. Cette superstition a plusieurs explications possibles.
Au 16ᵉ siècle, on utilisait de l’oxyde de cuivre, du vinaigre, du citron ou de l’urine pour obtenir du vert-de-gris. La couleur est belle, mais instable et surtout, c’est un poison qui provoque des irritations, des maux de tête et d’estomac, des vertiges et des vomissements. Une exposition régulière à ce pigment, extrêmement toxique, aurait causé la mort de plusieurs comédiens.
De nos jours, quelques artistes refusent encore de porter du vert.
Au 18ᵉ et 19ᵉ siècle, l’éclairage des théâtres se compose essentiellement de lampes brûlant de l’oxyde de calcium. Mais ce type de lumière ne mettait pas suffisamment en valeur les tons verts. Les comédiens qui portaient cette couleur, étaient mal éclairés et on ne les voyait pas.
Une autre explication nous vient des Anglais. Jusqu’au 17ᵉ siècle, les représentations avaient lieu en extérieur, sur la pelouse des jardins et des parcs publics. Les comédiens vêtus d’un costume vert, se fondaient dans ce décor de verdure et les spectateurs les distinguaient mal.

Le bleu
En Angleterre, c’est le bleu qu’on évite de porter sur scène. Une superstition qui a pour origine le coût exorbitant de la teinture bleue. Pour faire des économies, les directeurs de théâtre auraient lancé une rumeur selon laquelle les costumes teints en bleu, porteraient malheur.

Le jaune
En Espagne, les comédiens évitent de porter du jaune. L’explication fait référence à la couleur de la cape des toreros qui est rose à l’extérieur et jaune à l’intérieur. Traditionnellement, le rose est associé à la chance et le jaune porte malheur, car c’est cette couleur que verra le torero avant de mourir si le taureau l’encorne. La veille de la corrida, les convives présents au dernier repas du torero, sont tenus de ne pas porter de jaune.

Le violet
En Italie, la couleur proscrite est le violet. Cette couleur est utilisée pour les vêtements liturgiques pendant le Carême. Au Moyen Âge, les représentations théâtrales étaient interdites durant cette période. Les artistes devaient se serrer la ceinture en raison du manque à gagner.


Interdiction de siffler dans un théâtre


Ce n’est pas un mot, mais un son, qui est strictement interdit dans un théâtre : le sifflement ! Quand le public manifeste son mécontentement, des sifflements se font entendre, ce qui en général ne laisse rien présager de bon pour les représentations futures. Cette interdiction a cependant d’autres explications possibles.
Autrefois, les régisseurs présents sur le plateau émettaient un sifflement en guise de signal pour les changements de décors. Mieux valait ne pas créer de confusion en sifflotant sans raison.
Jusqu’à la fin du 19ᵉ siècle, les lampes à gaz étaient placées à l’avant-scène pour éclairer le plateau. L’expression « être sous les feux de la rampe », date de cette époque. Si par malheur la flamme s’éteignait, on entendait un sifflement caractéristique d’une explosion imminente. Le gaz d’éclairage fut responsable de la mort de centaines de personnes qui périrent asphyxiées ou brûlées.


Ne dites pas « Bonne chance” aux artistes avant la représentation

Ne dites jamais “bonne chance” aux artistes avant le début du spectacle, ça porte malheur. Et oui, les artistes sont des gens superstitieux, ce qui est assez curieux vu qu’ils répètent tous les jours depuis des mois pour justement, ne rien laisser au hasard.
À l’époque où les spectateurs se déplaçaient en calèche, le crottin de cheval s’accumulait à l’entrée des théâtres. Et plus il y avait d’excréments, plus il y avait de monde. Dire “merde” aux artistes, c’est donc leur souhaiter d’avoir beaucoup de succès. Et surtout ne répondez pas « merci », ça porte malheur…



Des applaudissements pour éloigner les esprits


Jadis, on croyait que les comédiens étaient habités par des esprits lorsqu’ils jouaient une pièce de théâtre. Il fallait donc applaudir très fort à la fin de la représentation pour faire fuir les esprits. Et plus les comédiens semblaient habités par leur rôle, plus les spectateurs applaudissaient. Cela signifiait aussi que la pièce leur avait plu et que les comédiens avaient été « bons ».

Pas d’œillets dans le bouquet des artistes

Les œillets sont des fleurs détestées par les comédiens, car elles signifiaient autrefois que leurs contrats n’étaient pas renouvelés. À la fin d’un ballet ou d’une pièce de théâtre, la coutume veut que l’on offre des fleurs (une seule ou un bouquet) aux artistes du spectacle. Sachez que la taille du bouquet est proportionnelle à l’importance du rôle joué dans le spectacle. En général, les directeurs de théâtre offrent des roses.


Les mots « interdits »

Corde
Autrefois, les machinistes et les monteurs de décor de théâtre étaient recrutés parmi d’anciens charpentiers de marine. La seule corde présente sur un bateau est celle de la cloche, qui sert à saluer les marins défunts. Associé à la mort, ce mot était donc proscrit sur les bateaux. Aussi les marins, devenus machinistes dans les théâtres, ont trouvé une parade pour éviter la confusion entre les différentes cordes servant aux manœuvres, en leur donnant un nom approprié : grelin, filin, guinde…
Seule exception à la règle, la corde à piano. Une corde en acier très résistante, qui sert à tirer les rideaux de scène ou à fabriquer des éléments du décor, des accessoires et même des costumes.


Rideau
Le mot « rideau » est également proscrit sur la scène d’un théâtre. Ça porte-malheur au même titre que le mot « corde ». Le « pendrillon » désigne justement un rideau de scène et remplace ainsi le mot « interdit ».


« Macbeth »
C’est la pièce maudite… Un récit empreint de sorcellerie, de fantômes, d’évènements surnaturels, de trahisons et de meurtres, est à l’origine de cette anecdote. Aucune représentation n’a pu être jouée sans qu’un comédien ne soit mort ou gravement blessé ! L’autre explication vient du nombre impressionnant de scènes de combats qui se déroulent pendant la pièce et qui représentent un danger pour les comédiens. Pour la nommer, on fait plutôt référence à la « pièce écossaise » ou encore à la « pièce innommable ». On n’est jamais trop prudent…
Quant à la malédiction selon laquelle le théâtre qui programme la pièce est condamné à la faillite, elle est certainement due aux coûts de production exorbitants dus à la mise en scène de cette œuvre spectaculaire de William Shakespeare.


Pourquoi les fauteuils de théâtre sont-ils de couleur rouge ?


Jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, la salle est éclairée pendant toute la durée du spectacle. On voit donc aussi bien les spectateurs que les artistes. La couleur rouge va accentuer les contrastes mettant ainsi en valeur la salle de spectacle.



Pour en savoir plus : www.parlonstheatre.fr