Manifeste pour la création artistique dans l’espace public
Ce manifeste a été conçu par la Fédération nationale des Arts de la rue qui a pour vocation de fédérer le secteur professionnel, de promouvoir et de défendre une éthique collective, liée aux spécificités de la création artistique dans l’espace public.
Considérant l’enjeu citoyen d’un art public, dans l’espace public et dans l’intérêt de tous, les arts de la rue doivent relever d’une politique volontariste, portée par la co-construction et bénéficiant de financements publics.
Nous, Fédération des Arts de la Rue, revendiquons donc de la part des élus un engagement fort pour la création artistique dans l’espace public. Cela passe par plusieurs dispositifs, outils législatifs et nouveaux moyens.
Qui sommes-nous ?
Artistes de rue, nous sommes des acteurs artistiques croisant une diversité de métiers et de disciplines. Notre démarche se veut solidaire, de partage et d’accessibilité. Pour être et faire ensemble, vers un commun, nous privilégions le pouvoir de l’imaginaire et de l’enivrement.
Artistes de rue, nous sommes des acteurs politiques revendiquant le dérèglement et le hors cadre, le pouvoir de négociation, l’interrogation de l’espace public, la liberté d’expression et de pensée, l’engagement politique et la revendication. Nous nous inscrivons dans une relation égalitaire et équitable, de l’ordre de l’échange.
Les arts de la rue ont la capacité à s’adapter à l’espace de vie des gens, en les respectant, sans leur imposer un cadre académique. Ils reconnaissent les personnes, là où elles sont, et non dans un lieu dédié. Nos problématiques sont non seulement esthétiques, mais aussi citoyennes, sociales et humaines, « à hauteur d’homme ».
« Manifeste pour la création artistique dans l’espace public » ➣ www.federationartsdelarue.org
Les artistes de rue sont-ils des hors la loi ?
En France, la loi est claire. L’utilisation de l’espace public est réglementée et il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de la mairie. La rue est une zone artistique de plus en plus restrictive et les artistes qui s’y risquent sont des hors-la-loi et ils le savent.
Ce qu’ils veulent, c’est exercer leur métier dans la légalité. Mais seules quelques villes françaises ont mis en place des décrets, comme à Sarlat-la-Canéda dans le Périgord qui met l’électricité à disposition des artistes, ou à Paris, qui organise des auditions annuelles pour les musiciens qui souhaitent jouer dans le métro parisien.
Les artistes de rue ont-ils besoin d’une autorisation pour jouer dans l’espace public ?
Oui, et tous les artistes sont concernés. Votre principal interlocuteur est la mairie, c’est à elle qu’il faut demander une autorisation. Tout spectacle doit être autorisé par le maire de la commue dans laquelle la représentation a lieu. La demande doit être faite auprès des services municipaux, un mois avant la date prévue.
Chaque municipalité a ses propres critères de sélection. Sachez que Monsieur le Maire a le pouvoir d’interdire certains spectacles sur sa commune. Les zones autorisées font l’objet d’une accréditation délivrée par la municipalité et c’est elle qui décide de l’horaire de début et de fin du spectacle, de la vente au déballage, des stands de vente, de l’ouverture provisoire d’un débit de boissons, des interdictions de stationnement ou de circulation et de la pose de panneaux de signalisation.
L’utilisation des domaines publics est réglementée. Il est nécessaire d’obtenir l’autorisation des services publics concernés (l’État ou la collectivité locale), pour donner une représentation dans l’espace public.
Si le spectacle se déroule dans un espace privé, vous devez avoir l’autorisation du propriétaire des lieux.
L’organisateur de spectacle qui prévoit une représentation dans l’espace public, doit être titulaire d’une autorisation d’occupation du lieu (propriétaire privé ou public) et d’une autorisation d’ouverture au public.
(Sources juridiques : articles L 2212-1 et L2212-2 du Code général des collectivités territoriales)
En France
À Paris, la demande doit être adressée à la DGEP, la Délégation Générale à l’Évènementiel et au Protocole. C’est elle qui autorise les artistes à se produire dans l’espace urbain de la capitale, en définissant un horaire de début et de fin de représentation.
À Strasbourg, la fiche technique du spectacle doit accompagner votre demande auprès des services municipaux. Attention, certains instruments comme les percussions, sont interdits.
À Nice, les artistes doivent remplir un formulaire (15 jours d’attente minimum). Un arrêté municipal leur interdit même, certaines zones du centre-ville. En cas d’infraction, vous devrez payer une amende.
À Montpellier, aucun arrêté concernant les artistes de rue, n’a été pris.
À l’étranger
En Belgique, à Bruxelles, des sésames sont offerts tous les mois aux artistes qui en font la demande.
Au Canada, un permis de travail n’est pas obligatoire si vous n’êtes pas employé par une société canadienne et si vous vous produisez pendant une courte période. Attention, les spectacles sont interdits dans les bars et les restaurants.
En Italie, à Milan, un site internet permet aux artistes de rue de réserver un emplacement.
En Suisse, les musiciens de rue disposent, depuis 2008, d’une carte sur laquelle figurent leur nom, leur adresse, leur nationalité et leur photo. Ils doivent s’acquitter d’une taxe journalière et un permis de travail est souvent obligatoire.
Les arts de la rue sont-ils compatibles avec l’exigence sécuritaire ?
C’est un problème que doivent désormais résoudre les organisateurs de festivals, les artistes et les autorités, notamment les préfets et les maires, soucieux de préserver les manifestations culturelles qui attirent de nombreux festivaliers dans leur ville. Alors que la sécurisation des lieux publics se renforce, le secteur des arts de la rue s’inquiète de ce qu’il adviendra de l’occupation de l’espace urbain : dispositif de sécurisation trop lourd à déployer, manque d’effectifs pour sécuriser les lieux.
Le feu dans l’espace public
Au-delà de la maîtrise de son art, l’artiste de rue doit garder un œil sur son matériel, gérer les caprices de la météo, s’habituer à l’environnement bruyant, surveiller les spectateurs indisciplinés… tout en restant concentré et attentif à ce qu’il fait.
Voilà pourquoi, il est important de bien choisir son espace de jongle, en tenant compte de l’environnement : trop bruyant (vous n’entendrez pas la musique), trop calme (vous perturberez la tranquillité des riverains), trop de passants (vous serez dérangé pendant votre prestation), mal situé (on ne vous verra pas), trop de végétation (risque d’incendie), trop éclairé (le spectacle est gâché).
Marquer son territoire
Avant de vous installer quelque part, faites un essai. Essayez quelques figures avec vos agrès (non enflammés) en esquissant quelques pas de danse. Si le sol est plat, sans bosses ni trous, si vous n’êtes pas sous un éclairage de ville, si les alentours sont sûrs et les passants nombreux, si vous ne gênez pas l’accès réservé aux pompiers… Bref, repérez tout ce qui peut nuire à votre prestation et vous attirer des ennuis. Mais le plus important, c’est de jongler avec quelqu’un de confiance, qui saura comment faire en cas d’accident, ou mieux encore, un ami formé aux premiers secours (PSC1) qui vous accompagnera sur le terrain.
BON À SAVOIR !
Appel d’urgence : le 112
Le 112 permet de joindre les services de secours. Ce numéro est gratuit et accessible partout en Europe et il fonctionne même depuis un téléphone verrouillé ou ne disposant pas d’une carte SIM.